Texte écrit par Guy Gaudreau, lequel a aimablement autorisé sa reproduction. Ce texte vient d’une conférence prononcée lors de l’AMQ de septembre 2010 à Saint-Donas, qui a ensuite été remanié pour paraître dans la revue MENS, Revue d’histoire intellectuelle et culturelle, volume 11, no 2, printemps 2011, p. 37-67.
Bien que cette année marque le soixantième anniversaire du Cercle des mycologues de Montréal (CMM), ne soyons pas chauvins pour cette présentation historique. Plutôt que de rappeler certaines des grandes étapes de notre histoire1, il convient, dans le cadre de cette rencontre des clubs de mycologie du Québec, d’élargir le questionnement. Le fait que le Cercle montréalais fête son 60e anniversaire cette année et le Cercle des mycologues amateurs de Québec (CMAQ) le fasse l’an prochain de même que la similarité des noms des deux clubs ne relèvent pas du hasard puisque René Pomerleau, considéré comme le père de la mycologie québécoise, aurait joué un rôle clef dans leur mise en place. Du moins si on en croit ces deux organismes2, les sites officiels gouvernementaux3 et même un ouvrage de synthèse sur l’histoire des sciences récemment réédité4. En tant que professeur à l’Université Laval, il donnait déjà depuis quelques années des cours de mycologie et, à titre d’invité du Jardin botanique depuis 1945, il venait régulièrement à Montréal pour offrir des cours pratiques sur les « champignons comestibles »5, cours qu’il répéta à Québec l’année suivante6 et qui déboucha, là aussi, sur la création d’un club.

Non seulement Pomerleau aurait été le catalyseur de ces clubs, orientés à l’époque exclusivement vers la mycophagie, mais il aurait aussi participé à associer son nom à leur origine en racontant sa version de leur fondation. Ainsi, dès 1954, il relate les trois premières années d’activités du club de Québec lors de l’assemblée de l’automne7. Pour le Cercle montréalais, il prononce, lors de son 25e anniversaire, une communication où il se donne le beau rôle8. Son indiscutable renommée, révélée notamment par la publication dès 1951 de son ouvrage d’identification Champignons de l’est du Canada et des États-Unis9 qui servit d’ouvrage de référence pendant plus de deux décennies, fit le reste.
Nous cherchons à démontrer que cette lecture des origines de ces deux Cercles, ramenée au rôle prépondérant de Pomerleau, demeure tronquée. En effet, cette interprétation souffre d’un biais téléologique, c’est-à-dire du fait que ce passé historique a été reconstruit à la seule lumière de ce héros de la mycologie10, René Pomerleau, qui ne pouvait pas ne pas être à l’origine des premiers clubs. Certes, le premier historien du Cercle montréalais, Michel Famelart11, avait notamment souligné le rôle tout aussi central du frère Rolland-Germain, compagnon d’excursions et de recherches du frère Marie-Victorin12, tous deux frères des Écoles chrétiennes. Mais il semble bien qu’on ait oublié le contexte qui a rendu possible cette fondation des premiers clubs de mycologie au Canada français. Au delà des actions immédiates d’un Pomerleau qui les relient, il y a d’abord une société canadienne-française qui a évolué sur le plan des mentalités, grâce au travail acharné d’un Marie-Victorin.
Parmi d’autres objectifs, nous voulons comprendre le rôle des frères des Écoles chrétiennes et du frère Marie-Victorin dont l’influence sera examinée –non pas sur l’ensemble des sciences comme il est coutume de le faire–, mais à partir d’un des créneaux des sciences naturelles, la mycologie. Cet examen ciblé du rôle de Marie-Victorin éclaire ses interventions publiques en leur donnant une résonance bien concrète. Par ailleurs, en tant que membre d’une congrégation religieuse considérée comme un ordre religieux mineur, Marie-Victorin nous force à s’interroger, en corollaire, sur la place des grandes communautés religieuses enseignantes qui monopolisent les collèges classiques dans ces enjeux. En filigrane, le texte se veut une contribution à l’histoire de la mycologie au Canada français en relatant à grands traits l’état des sciences et des connaissances mycologiques jusqu’aux années 1950.
Des connaissances mycologiques embryonnaires
Quand on cherche les premiers textes portant sur les champignons au Canada, il faut remonter au milieu du XIXe siècle pour trouver quelques pages dans les ouvrages de botanique de pionniers. Il faut comprendre que, jusqu’à cette époque, ce sont les ouvrages européens qui servaient de référence aux botanistes et naturalistes de sorte qu’aucun inventaire sérieux des champignons d’ici n’avait encore été tenté. Un de ces pionniers est l’abbé Léon Provancher. La place qu’il leur réserve dans son volumineux ouvrage la Flore canadienne en 1862 demeure significative du peu d’intérêt qu’on leur porte alors. En effet, sur les quelque 800 pages, à peine dix pages décrivent quinze groupes de champignons répertoriées13. Ces pages offrent néanmoins une clef analytique et comptent seulement six illustrations regroupées et reproduites dans le présent document.
Comme le rappelle Ralph Estey, les quelques efforts en mycologie sont alors tournés vers la mycologie appliquée, soit celle qui s’intéresse seulement aux répercussions économiques des maladies des plantes et des arbres14. Cette approche réductrice domine jusqu’aux années 1930. Pas étonnant de trouver fort peu de textes sur les champignons dans la principale revue de sciences naturelles du Canada français, Le Naturaliste canadien, dont le rédacteur n’est nul autre que l’abbé Provancher depuis sa fondation en 1868.

Heureux de présenter une liste de 25 champignons15 identifiés par un spécialiste européen, l’abbé y publie, en 1878, un court texte qui se veut un plaidoyer pour l’étude des champignons et des sciences naturelles. «Notre province possède probablement tout autant de champignons que la Grande-Bretagne, et non seulement nous n’avons ni listes, ni catalogues de ces productions végétales, mais pas même d’ouvrages dans nos bibliothèques, pour nous renseigner sur ces plantes… [N]ous avons parcouru en vain les plus grandes bibliothèques de Québec, toutes sont absolument muettes sur ce sujet, même celle de l’Université Laval avec ses 60 000 volumes16 ».
Les nombreuses années que prendra Provancher à étudier l’entomologie d’ici explique peut-être l’absence de publications mycologiques de sa part dans la revue17. C’est pourquoi il faut encore attendre près de dix ans avant que la revue ne revienne à la mycologie en publiant deux autres textes. Encore une fois, leur enjeu est tout aussi révélateur du désert dans lequel se trouve la mycologie au Canada français. Racontons brièvement de quoi il s’agit. Revenant d’une excursion, l’abbé raconte sa découverte, au mois d’août 1884, d’un champignon remarquable, soit le Phallus impudicus18. Prenant soin de le décrire avec minutie, il reçoit par la suite une lettre d’un lecteur qui doute de son identification, car la description l’amène à penser qu’il s’agit d’une morille. Quelques mois plus tard dans un autre texte19, l’abbé fera écho d’un échange de lettres avec ce lecteur et fera le point sur ces deux champignons. Une description comparative lui permet de conclure que l’identification initiale était correcte. Peut-être que son décès et son remplacement à la direction de la revue explique l’absence, par la suite, de textes significatifs sur les champignons au Canada français pendant quelques décennies20.
Le frère Marie-Victorin, grand défenseur des sciences au Canada français

Qui n’a pas entendu parler du frère Marie-Victorin21, ce « symbole de la science au Canada français22 » auquel est rattaché le Jardin botanique et son célèbre ouvrage, Flore laurentienne? Ouvrage qui remplace, à sa sortie en 1935, la Flore canadienne de l’abbé Provancher comme livre de référence en botanique. Mais ses interventions en faveur des sciences et des sciences naturelles en particulier sont moins connues du public. On peut même avancer que la mycologie telle qu’on la pratiquera à compter des années 1950 n’aurait pas été possible sans ses interventions sur la scène publique.
Né en 1885, Conrad Kirouac joint, à l’âge de 16 ans, l’ordre des Frères des Écoles chrétiennes et prend le nom de Marie-Victorin. Bien qu’il ait pu choisir de fréquenter les grands collèges, il choisit de joindre l’ordre religieux chargé de son éducation à l’Académie commerciale de Québec. Cet ordre religieux –à qui on interdit d’enseigner le latin réservé aux ordres majeurs offrant le cours classique comme les jésuites et les oblats– a son noviciat au Mont-de-la-Salle à Maisonneuve, à l’endroit même où sera érigé, plus tard, le Jardin botanique. Privés de l’enseignement et de l’apprentissage du latin, les frères de cette communauté ont plus de temps à consacrer aux sciences23 et ont une excellente réputation en pédagogie24. Destiné par vocation à l’enseignement, Marie-Victorin est envoyé au Collège de Longueuil où il professera de nombreuses années et où il fait la connaissance du frère Rolland-Germain envoyé de France au Canada en 1905, sans doute dans la tourmente de la nouvelle loi qui refuse le financement des écoles confessionnelles par l’État français. Le frère Rolland-Germain deviendra son collaborateur le plus fidèle pendant près de 40 ans et on peut même dire qu’au début de la carrière du jeune Kirouac, il est son maître à penser. Cet ordre religieux est en train de se construire une réputation internationale en botanique25, une science hautement valorisée chez eux.
Dès 1905, le F. Marie-Victorin obtient le concours du F. Rolland-Germain, Bourguignon tout frais arrivé de France, et dont la modestie excessive cachait une véritable érudition en physique, en chimie, en sciences naturelles. […] C’est qu’il possède à la perfection l’art de ne pas se mettre en valeur. Le F. Rolland, en 1905, a déjà fait de la botanique et organisé des expositions. Il excelle dans la nomenclature des plantes, la taxonomie. On peut avancer qu’il est le véritable initiateur du F. Marie-Victorin auquel il révèle les procédés scientifiques26.
Un premier rapprochement entre marie-Victorin et la mycologie se manifeste sans doute dans la pratique des sciences naturelles telle qu’il la concevait, pratique qui ne peut pas se faire sans l’école de la route, c’est-à-dire un apprentissage non pas en classe, mais sur le terrain. Comme il l’affirmait lui-même : « Quoi de plus hygiénique, de plus revigorant que ces courses au hasard des bois et des champs –la vraie méthode des sciences naturelles27. » Par ailleurs, la présence d’un Pomerleau au CMM et au CMAQ nous paraît redevable, directement ou indirectement, aux luttes menées par le frère Marie-Victorin pour attirer de jeunes Canadiens français28 vers les sciences naturelles. Mentionnons quelques unes de ses interventions qui en disent long sur les mentalités de son époque qui n’a d’admiration que pour les humanités, soit la philosophie et la littérature, les professions libérales et une certaine France restée catholique.

À l’inverse du frère Rolland-Germain, Marie-Victorin n’est pas timide et n’a pas peur de prendre position sur la place publique, Grand gaillard, il ne craint pas de se faire des ennemis, tel le secrétaire de la province de Québec, Anathase David, qui, en raison de ses prises de position publiques, lui refusera une subvention29. Avec Lionel Groulx, il est sans doute l’intellectuel du Canada français le plus inspiré et le plus marquant du XXe siècle30. Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, la situation dans les sciences est lamentable : les anglophones du Québec comptent 282 professeurs universitaires, 1762 étudiants dont 493 inscrits en sciences alors que chez les Canadiens français, les 321 professeurs ont 2260 étudiants, mais aucun en sciences qui ne compte pas encore de programmes31.
Dès 1917, il publie, à l’automne, le texte d’une longue conférence qu’il avait livrée à l’Université Laval au cours de l’été32 et dans laquelle il dénonce le manque de scientifiques canadiens-français et d’intérêt pour les sciences. « Les empiètements, les envahissements de l’anglais sur le français dont nous nous plaignons dans le commerce, l’industrie et les services publics, ne sont rien à côté de ceux dont fatalement, et uniquement par notre incurable indifférence, nous sommes affligés sur le terrain scientifique33. » Pas étonnant alors que les poètes et écrivains canadiens-français qui fassent référence, dans leurs descriptions de la nature laurentienne, à des herbes et à des plantes européennes qui ne poussent pas ici à l’état sauvage. Platane, liane, thym, ajonc et bruyère, dit-il, sont étrangers à notre pays! En dernière partie, Marie-Victorin développe une critique fouillée de la Flore canadienne qui, malgré ses mérites, a beaucoup vieilli à ses yeux. Opposé à sa réédition, il affirme qu’«[i]l nous faut une œuvre nouvelle, bâtie sur un plan moderne, et capable d’incorporer la totalité des découvertes et des études critiques du dernier demi-siècle34», commentaire qui annonce sa grande œuvre des années 1930.

Nommé, en 1920, titulaire de la chaire de botanique de la faculté des Sciences de l’Université de Montréal qui vient enfin d’être créée, Marie-Victorin ne prend pas de temps à se faire le grand défenseur des sciences naturelles en profitant de ses bons contacts au journal Le Devoir pour faire valoir ses idées35. Ainsi, dès 1922, il y publie un article faisant appel aux « littéraires qui, par la force des choses, ont jusqu’à ces dernières années, eu l’oreille et monopolisé l’attention comme les énergies de notre jeunesse de […] hâter en autant qu’il est en eux, par leurs efforts désintéressés, l’avènement de notre peuple à la haute culture scientifique36 ». Cette culture scientifique, négligée par les élites, est nécessaire, car « un peuple vaut non seulement par son développement économique, industriel ou commercial, mais encore et surtout par son élite de penseurs, de chercheurs et de savants, par son apport au capital scientifique de l’humanité37 ».
Passons rapidement sur son rôle dans la fondation de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (ACFAS) en 192338, Association dont il assume, au départ, la fonction de secrétaire général, tout comme le fait que, la même année, il participe aussi à la fondation de la Société canadienne d’histoire naturelle, un regroupement de naturalistes alors non représentés au sein de l’ACFAS. Cela montre bien le regain d’intérêt pour les sciences au début des années 1920. Deux ans plus tard, il récidive dans Le Devoir en évoquant une rencontre au cours de laquelle son interlocuteur avait traité un professeur de botanique d’enseignant de «petites sciences», expression dont il cherche à démontrer tout le ridicule. Cherchant toujours à susciter les vocations en sciences, il dressera un réquisitoire qui dénonce, entre autres, l’enseignement des sciences par les premiers venus. Citons-en un extrait :
Nous ne serons une véritable nation que lorsque nous cesserons d’être à la merci des capitaux étrangers, des experts étrangers, des intellectuels étrangers; qu’à l’heure où nous serons maîtres par la connaissance d’abord, par la possession physique ensuite des ressources de notre sol, de sa faune et de sa flore. Pour cela, nous avons besoin de sérieuses vocations scientifiques, adéquatement cultivées. Il nous faut un plus grand nombre de physiciens et de chimistes, de biologistes et de géologues compétents qui soient autre chose que des fignoleurs se livrant à de faciles variations sur les travaux des autres… Nous avons assez de cette éternelle mouture d’enfantine vulgarisation de ces soi-disant synthèses brillantes, de ces jeux périscientifiques en dehors de toute observation directe…39.
Un dernier texte de Marie-Victorin, publié dans Le Naturaliste canadien en 1930, doit être évoqué pour bien comprendre tout le travail qu’il a dû faire pour changer les mentalités de ses contemporains. Alors que Lionel Groulx avait cherché à montrer, dans son roman L’Appel de la race, les dangers de l’assimilation, alors que l’élite canadienne-française dénonce encore l’exode vers les États-Unis qui vient à peine de se terminer, Marie-Victorin, aussi nationaliste qu’il puisse être, souligne l’absolue nécessité de se rapprocher de l’Oncle Sam, de recourir aux ouvrages et aux recherches américaines pour développer les sciences de chez nous. Cet appel est particulièrement approprié en botanique –et par ricochet en mycologie.
[D]ans nos universités canadiennes de langue française les services de Zoologie, de Botanique, de Géologie, doivent trouver leurs matériaux d’enseignement et leurs sujets de recherches dans le milieu naturel qui est la province de Québec et les provinces ou États environnants. Or, la province de Québec est une entité géographique purement artificielle dont la faune, la flore, les formations géologiques, les horizons paléontologiques débordent largement sur les États-Unis, sur l’Ouest canadien, quelques fois sur l’Asie, plus rarement sur l’Europe. C’est dire que dans tous ces domaines, les objectifs nous sont communs, avec nos collègues des universités des États-Unis, et que notre bibliographie doit être surtout américaine et de langue anglaise. […] Mais elle est puérile et niaise cette francolâtrie qui ne peut voir la science qu’à travers “l’article de Paris” qui en tout et pour tout, se tourne vers la Mecque parisienne et qui, coûte que coûte, cherche à endosser un vêtement taillé à la mesure d’un autre40.

En conformité avec sa propre pratique, qui le conduit notamment à collaborer étroitement avec son collègue Merritt Lyndon Fernald de l’Université Harvard, Marie-Victorin adopte une position qui lui fera plusieurs ennemis dans les milieux nationalistes traditionnels canadiens français, mais qui encouragera de nombreux chercheurs à poursuivre des études aux États-Unis, tels Émile Jacques et Jules Brunel qui obtiennent leur doctorat à l’Université Cornell, respectivement en phytopathologie et en cryptogamie, deux disciplines proches de la mycologie.
Nous ne disposons pas de preuve à l’effet que cette position ait pu influencer directement Pomerleau. Jusqu’alors, ce dernier avait suivi les étapes habituelles allant en France poursuivre ses études en 1927 grâce au programme des « bourses d’Europe » du gouvernement québécois. Il avait alors profité de « la francophilie militante de l’époque et, en particulier, celle d’Athanase David, le secrétaire de la province chargé de [son] application41». Francophilie que dénonçait vertement Marie-Victorin.
À l’instar du programme québécois de bourses d’études qui reconnaît, au cours des années 1930, l’éligibilité des études dans les universités américaines, Pomerleau rend régulièrement visite à Marie-Victorin42 et se montre intéressé aux connaissances et aux pratiques de notre voisin du Sud. Ainsi, dès 1932, il est membre fondateur de la Mycological Society of America43 et ses recherches doctorales sur un parasite de l’orme, inconnu en Europe et en Asie, l’amènent tout naturellement à faire le point sur l’ensemble des connaissances nord-américaines, car le parasite est observé, comme il l’écrit lui-même, « sur toute l’étendue de l’aire de cet arbre, du Canada au Texas, de l’Atlantique aux Rocheuses44 ». Tout en travaillant à la pépinière forestière de Berthierville, il accumule du matériel pour sa thèse de doctorat soutenue en 1937 à l’Université de Montréal.
Deux institutions-clef : les Cercles des jeunes naturalistes et le Jardin botanique
En 1929, au retour d’un long voyage en Europe et en Afrique du Sud, Marie-Victorin rêve de doter Montréal d’un Jardin botanique d’envergure internationale qui, à l’image du jardin de New York ou de Berlin, inclut un centre de recherches. Grâce notamment à l’appui de son ami et disciple Jacques Rousseau, à l’appui d’un ancien étudiant du Collège de Longueuil et maire de Montréal, Camilien Houde, et après bien des embûches, ce rêve se réalisera. Bien que fondé en 1931, le Jardin ne sera officiellement ouvert qu’en 193945, en raison d’un arrêt des travaux qui dure quatre ans, faute d’appuis financiers et politiques.

Si cela est connu, on ignore souvent l’impact des Cercles des jeunes naturalistes. Ici, la bougie d’allumage de ces regroupements de jeunes élèves est le frère Adrien, de la Congrégation de Sainte-Croix, qui, depuis 1924, dirige deux cercles à l’école Beaudet. En janvier 1931, il propose à la Société canadienne d’histoire naturelle de créer d’autres clubs dans les différentes maisons d’enseignement. Réticent au départ, le frère Marie-Victorin se rallie à ce projet dont une des activités est la rédaction de tracts, soit de courts documents de vulgarisation destinés à être lus et discutés au sein des clubs.
C’est Marie-Victorin lui-même, qui rédigera le premier tract, en 1932, intitulé «Les Cercles des jeunes naturalistes» dans lequel il explique qu’«il est possible de fonder un Cercle des jeunes naturalistes dans toute école, petite ou grande, école de rang, collège, académie, couvent, institut agricole, école normale, juvénat, scolasticat, etc.46 ». En quelques années, des centaines de cercles sont fondés, davantage dans les institutions pour filles que pour garçons, de sorte qu’en 1940, on compte 462 clubs, dont les deux tiers sont féminins, et 13 500 membres47.
L’Académie commerciale de Québec [en] est un foyer actif. Son directeur, le Frère Germain, est lui-même un collectionneur doublé d’un animateur. Au Collège de Longueuil, le Frère Rolland Germain dirige le Cercle André Michaux, dont le Frère Marie-Victorin a suggéré le nom et stimule le zèle. Au Collège Jean-de-Brébeuf, le Père Taché a fondé le Cercle Huard, premier Cercle des Jeunes Naturalistes dans les maisons des Jésuites. Sous l’impulsion de Mère Marie-Élise, les institutions des Sœurs de Sainte-Anne sont entrées dans le mouvement. Une autre grande éducatrice, Mère Sainte-Alphonsine, formée à l’école de Mère Sainte-Anne-Marie, lance les couvents de la Congrégation de Notre-Dame. L’élan n’est pas à créer, mais simplement à maintenir, chez les Sœurs de la Présentation-de-Marie, puisque deux élèves de leur École Normale de Saint-Hyacinthe se sont classées premières au concours du Devoir. Il se fonde aussi des Cercles dans les maisons des Sœurs de Sainte-Croix, des Sœurs du Bon-Pasteur, des Sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie48.
Ces clubs constituent le terreau des futurs membres des clubs de mycologie. Certains responsables de ces Cercles seront actifs au CMM à l’instar du père Bernard Taché qui y assumera plus tard un rôle central pendant plus de 20 ans. Quant à la présence de certaines congrégations religieuses féminines au CMM, elle plonge à coup sûr ses racines dans ces Cercles qu’elles ont animés dès les années 1930. Cela dit, malgré tous ces efforts, les sciences n’attirent encore guère de Canadiens français. Comme le démontrait Jacques Rousseau dans un article publié en 1932, sur les 379 fonctionnaires fédéraux œuvrant au sein des services scientifiques, 97 % sont Canadiens anglais49. Certes, une discrimination envers les Canadiens français explique en partie cet écart entre les deux peuples fondateurs, mais le manque d’engouement pour ces disciplines y est aussi pour beaucoup.
Si on en croit quelques auteurs, l’enseignement des sciences demeure encore lamentable dans les collèges classiques au tournant des années 1930. Le Vasseur fait état de place marginale de la science dans l’enseignement classique50. Gervais et Hénaire estiment que la période la plus sombre de l’enseignement des sciences dans ces institutions s’étire jusqu’en 193051 tandis que pour Gingras52, les collèges classiques dans leur ensemble avaient affiché, encore dans les années 1920 une résistance telle face à l’expansion des sciences que les responsables de l’ACFAS avaient alors visé les classes des écoles secondaires publiques pour faire avancer leur cause.
1933 : Le premier congrès de l’ACFAS et le Mont-Saint-Louis
À l’automne 1933, Marie-Victorin, Jacques Rousseau, cheville ouvrière de l’ACFAS, et le frère Alexandre
des Écoles chrétiennes et porte-parole de la Société canadienne d’histoire naturelle mettent sur pied deux événements qui se tiendront simultanément, soit le premier congrès de l’ACFAS, qui devient par la suite un événement annuel, et une exposition des Cercles des jeunes naturalistes. Ce projet cherche à faire la promotion de la botanique et à clamer l’importance de maintenir l’Université de Montréal, très sérieusement menacée par la crise.

Les communications de l’ACFAS se tiennent à l’Université de Montréal tandis que l’exposition a lieu au Mont-Saint-Louis, institution-phare des Frères des Écoles chrétiennes où les plus brillants frères de la communauté enseignent53. Cette exposition dure 15 jours et accueille 100 000 visiteurs, grâce à l’implication de 137 Cercles dont 97 étaient féminins. Herbiers et collections de toutes sortes y sont exposés, sans que l’on sache si la mycologie y trouvait une place.
Parmi les conférences de l’ACFAS, certaines touchent cependant la mycologie comme celles de René
Pomerleau. Il livre, à ce premier congrès de 1933, sept communications dont quelques-unes touchent à différentes dimensions des maladies des arbres provoquées par des champignons54. Comme il l’avoua lui-même, sa formation en phytopathologie tant à Sainte-Anne-de-la-Pocatière qu’au Collège MacDonald où il fit sa maîtrise, ne lui avait fourni aucune connaissance sur les espèces charnues qu’il voyait pourtant dans les champs. C’est pourquoi les recherches et les communications sont encore cantonnées à la mycologie appliquée, ignorant du coup ces champignons charnus, comestibles ou vénéneux. La connaissance de ces derniers se fera véritablement en marge de sa formation en France à la fin des années 192055, quoiqu’elle reste avant tout une pratique personnelle encore dépourvue de résonance scientifique.

En fait, c’est seulement à la fin des années 1930, que les champignons charnus font l’objet d’une démarche scientifique ou sont mentionnés dans certaines publications. En effet, l’année 1938 marque un tournant important pour la mycologie au Québec. Ayant participé l’année auparavant, pour la première fois, au congrès de la Société américaine de mycologie à Hanover au New Hampshire, Pomerleau invite les membres à Duchesnay, au Québec, pour l’année suivante. La rencontre connaît un immense succès avec 836 espèces répertoriées grâce à la participation de nombreux spécialistes en mycologie en Amérique du Nord, parmi lesquels figure son collègue de l’Université de Montréal, Jules Brunel.
C’est avec ce dernier qu’il entreprend, la même année, la publication d’un inventaire des champignons du Québec dans Le Naturaliste canadien. Cet inventaire, qui occupe plusieurs numéros de la revue jusqu’au début des années 194056, ne présente tout de même que 36 champignons, tous des polypores, dont les descriptions sont signées par Pomerleau. Peut-être la guerre met-elle un terme à ce projet dont Brunel semble absent. Pourtant, c’est Brunel et non Pomerleau qui est alors professeur de mycologie, comme en fait foi l’appartenance institutionnelle mentionnée en tête de l’article. Précisons que Pomerleau sera engagé à l’Université Laval en 1940, pour être titulaire du cours de mycologie et de phytopathologie trois ans plus tard57.
Cela dit, c’est Brunel qui, en 1939, rédige le tract sur les champignons pour les Cercles des jeunes naturalistes58, tract reproduit sous forme d’article dans les journaux comme dans L’Action catholique du mois de novembre de cette année-là59. C’est encore lui qui, à deux reprises entre 1941 et 1943, fera état des secrets des champignons à Radio-Collège, dans le cadre d’une série radiophonique de vulgarisation scientifique60.
Des petites sciences pour les petites gens61
En fin de parcours, prenons un peu de recul. Le premier constat qui s’impose est l’intérêt tardif, au Québec, pour les champignons charnus, comestibles ou non. La mycologie pratiquée est essentiellement appliquée, en étant tournée vers les maladies des arbres et des plantes comestibles. Ce sont les Cercles des jeunes naturalistes qui, au cours des années 1930, ouvrent une brèche parmi le public, en élargissant le goût pour les sciences naturelles et la botanique. Il serait intéressant de savoir combien, parmi les membres des premières années du CMM, ont été, plus jeunes, membres des Cercles des jeunes naturalistes. On devine qu’ils ont été nombreux et nombreuses, car la présence en grand nombre de femmes au CMM, dès le début des activités, y est sans doute tributaire.

Commencés en 1945, les cours d’identification des champignons profitent assurément d’une société des loisirs qui se met en place après les privations de la guerre. Ils profitent aussi de la grande prospérité de cette période appelée « Les Trente Glorieuses ». Si la filière des Cercles des jeunes naturalistes demeure le fil conducteur de cette recherche des origines du Cercles des mycologues, cela ne doit pas nous faire perdre de vue que le bon peuple ignore ou se méfie alors souverainement des champignons et que s’y intéresser, en 1950, demeure un geste de culture.
On l’a vu René Pomerleau ne résume pas à lui seul la mycologie québécoise, bien qu’il faille reconnaître son rôle de catalyseur dans la formation des deux premier cercles de mycologie. Au tournant des années 1940, Jules Brunel est tout aussi présent sur l’échiquier mycologique62. Et quand on parcourt la liste des communications présentées à l’ACFAS entre la fin des années 1930 et la date de fondation du CMM, force est de reconnaître le nom de quelques autres chercheurs intéressés par les champignons, comme Émile Jacques63 dont on trouve, dans les archives de l’Université de Montréal, une photographie datée de 1932 où il tient deux amanites.
Ces quelques personnes qui s’intéressent à la mycologie sont néanmoins tous tributaires et disciples du frère Marie-Victorin et ont profité du changement de mentalité qu’il a patiemment effectué aux Canadiens français de son époque. Ainsi, beaucoup ont cessé, grâce à lui, de se sentir traître à la nation en se tournant vers les institutions et les pratiques scientifiques américaines. Considérées comme des petites sciences, les sciences naturelles n’attirent guère de Canadiens français au début du siècle.

La mort de Marie-Victorin, en 1944, va forcer ses proches collaborateurs à assumer de nouvelles fonctions. C’est ainsi que Jacques Rousseau devient directeur du Jardin botanique tandis que Jules Brunel assure dorénavant la direction de l’Institut botanique, ce qui l’oblige peut-être à s’éloigner de la mycologie.
En terminant, une hypothèse émise par des collègues sociologues, il y a une trentaine d’années, mérite d’être partiellement reprise64. Au Canada français, les sciences naturelles auraient proportionnellement attiré davantage les personnes provenant d’origine modeste, les « petites gens ». Cette attirance des petites gens pour les petites sciences –l’expression n’est pas de nous65– est possible parce que ce sont certaines communautés religieuses, plus ouvertes aux sciences, comme les Frères des Écoles chrétiennes66, qui dirigent les institutions d’enseignement qui leur sont plus accessibles, soit des écoles d’enseignement secondaire public, des écoles normales et des académies commerciales. Ces dernières sont certes moins prestigieuses que les collèges classiques, qui n’ont pas toutes un père Taché pour faire oublier leur engouement pour les humanités, mais elles ne perdent pas de temps à faire de la place aux sciences et aux Cercles des jeunes naturalistes.
Notes
1 On consultera à ce sujet notre article publié dans le numéro spécial du Bulletin du Cercle des mycologues de Montréal consacré à ce 60e anniversaire, voir « La fondation du Cercle des mycologues de Montréal et les récits historiques de ses trois premières décennies d’existence », vol. 35, 2010.
2 On consultera le résumé de l’histoire du Cercle montréalais sur leur site telle que présentée par Michel Famelart qui a fait œuvre d’historien du club. Son texte, intitulé « Le Cercle des mycologues de Montréal : plus de quarante ans d’activités », reprend un article qu’il fit paraître dans la revue Quatre-temps, vol. 17, no 3, (automne 1993), p. 51-52; voir sous l’onglet « À propos du Cercle », la rubrique « Historique du CMM », http://www.mycomontreal.qc.ca/structur.htm. S’agissant du cercle québécois, voir l’onglet « Archives » les diverses rubriques énumérées (http://www.mycologie-cmaq.org/index.php?option=com_content&view=article&id= 39&Itemid=39).
3 Le ministère des Ressources naturelles Canada le présente comme le fondateur de ces deux clubs (voir https://www.nrcan.gc.ca/com/deptmini/traipion/renepomerleau-fra.php). Ce commentaire fait sans doute écho à ce qu’écrivait André Fortin, ex-directeur de l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université Laval au sujet de Pomerleau quand ce dernier a reçu le Prix Marie-Victorin du gouvernement du Québec en 1981; voir https://prixduquebec.gouv.qc.ca/recipiendaires/rene-pomerleau/.
4 Luc Chartrand, Raymond Duchesne et Yves Gingras, Histoire des sciences au Québec de la Nouvelle-France à aujourd’hui, nouvelle édition, Montréal, Boréal, 2008 (1987), p. 353.
5 Jacques Rousseau, « Club des mycologues amateurs. Convocation », 24 octobre 1950, dossier Sam Brisson, fonds Michel-Famelart déposé aux archives du Cercle des mycologues de Montréal [dorénavant ACMM-FMF].
6 Voir « Cours sur les champignons comestibles », Le Soleil, août 1951, reproduit sur le site web du Cercle des mycologues amateurs de Québec.
7 Voir sur le même site sous l’onglet « Archives », la rubrique « Comptes rendus », l’année 1954.
8 René Pomerleau, « Le quart de siècle du Cercle des Mycologues de Montréal », Le Mycologue, vol. 1, no 3, février 1977, p. 8-11. Cet article résume sa conférence livrée au Cercle des mycologues de Montréal à l’automne 1975. La version complète de ce texte est conservée sous forme d’un tapuscrit, voir ACMM-FMF.
9 Quoique cet ouvrage, paru aux éditions Chanteclerc en 1951, ait été à l’époque hautement considéré, ce n’est qu’en 1980, quand il publie son œuvre maîtresse Flore des champignons au Québec,( Montréal, Les Éditions La Presse), que Pomerleau devint aux yeux de la plupart des mycologues « Monsieur mycologie québécoise ».
10 Selon André Fortin, qui participa à sa mise en candidature pour le concours du Prix du Québec en 1981, Pomerleau pouvait être considéré, à cette époque, comme un des cinq meilleurs mycologues au monde, voir https://prixduquebec.gouv.qc.ca/recipiendaires/rene-pomerleau/.
11 Voir les numéros consacrés au 30e, 40e et au 50e anniversaires du club publié dans Le Mycologue, vol. 6 (1981), no 1 et nos 2-3; vol. 15 (1990), no spécial 40e anniversaire; et vol. 25 (2000), no spécial 50e anniversaire.
12 Michel Famelart, « Le Cercle des mycologues de Montréal : quarante ans d’activités », Le Mycologue, vol. 15, novembre 1990, p. 11-12.
13 Flore canadienne, Québec, Joseph Darveau imprimeur-éditeur, 1862, p. 746 à 755.
14 Ralph H. Estey, Essays on the Early History of Plant Pathology and Mycology in Canada, Montréal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 1994, p. 247.
15 On ne sera pas surpris de constater que presque tous les champignons listés dans ce texte poussent sur des arbres, ce qui tend à démontrer l’intérêt initial d’une mycologie économique.
16 Abbé Léon Provancher, « Nos champignons », Le Naturaliste canadien, vol. IX, janvier 1878, p. 7.
17 On lira avec profit les quelques pages consacrées à Provancher dans l’Histoire des sciences au Québec, de Chartrand, Duchesme et Gingras, p. 189 et 194-197.
18 Abbé Léon Provancher, « Un champignon remarquable », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, octobre 1886, p. 50-58.
19 Abbé Léon Provancher, « Le Phallus et la Morille », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, février 1887, p. 115-119.
20 Nous disons au Canada français, car des mycologues amateurs anglophones ont suivi les traces d’un D.A. Watt qui, en 1865, avait publié une première liste de champignons du Québec (« A Provisional Catalogue of Canadian Cryptogams », Canadian Naturalist and Geologist, 2 (1865), p. 390-404). En effet, on compte plusieurs auteurs de publications mycologiques au Canada anglais à la fin du XIXe
siècle et au cours des premières décennies du XXe siècle, tel le révérend Robert Campbell qui avait identifié 129 espèces à partir de trois sites de cueillette au Québec (« Canadian Fungi », Canadian Record of Science, 9 (1903), p. 89-99). Voir à ce sujet, Ralph H. Estey le chapitre 9 de son ouvrage Essays on the Early History of Plant Pathology.
21 Parmi les nombreux textes et ouvrages consacrés à Marie-Victorin, deux doivent être soulignés, soit la longue biographie hagiographique rédigée par Robert Rumilly qui est toujours indispensable (Le frère Marie-Victorin et son temps, Montréal, Les Frères des Écoles chrétiennes, 1949) et la collection de textes de Marie-Victorin présentée par Yves Gingras (Frère Marie-Victorin, é.c., Science, culture et nation. Textes choisis et présentés par Yves Gingras, Montréal, Boréal, 1994).
22 Yves Gingras, « L’itinéraire du Frère Marie-Victorin, É.C. (1885-1944) », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 39, no1, 1985, p. 81.
23 Rumilly, Le frère Marie-Victorin, p. 6.
24 Nive Voisine, Les Frères des Écoles chrétiennes, volume 2 : Une ère de prospérité, 1880-1946, Québec, Éditions Anne Sigier, 1991.
25 Le frère Léon à Cuba, le frère Sennen en Espagne et le frère Héribaud-Joseph en France se sont taillé une place de choix au sein de la communauté internationale des botanistes; voir Rumilly, Le frère Marie-Victorin, p. 321.
26 Ibid, p. 21.
27 Frère Marie-Victorin, « Sciences naturelles au Canada. L’étude des sciences naturelles, son développement chez les Canadiens français », La Revue Canadienne, nouvelle série, volume XX, octobre 1917, p. 278.
28 En conformité avec une pratique répandue en Ontario français, nous préférons écrire ce marqueur identitaire avec deux majuscules et un trait d’union mettant ainsi en évidence notre statut de peuple fondateur.
29 Yves Gingras, « Science et communauté scientifique, 1910-1993 », dans Le Devoir reflet du Québec au 20e siècle, Robert Lahaise (dir.),Montréal, HMH, 1994, p. 218.
30 Frère Marie-Victorin, é.c., Science, culture et nation. voir plus particulièrement le texte d’Yves Gingras « Introduction : Marie-Victorin intellectuel », p. 7-29.
31 Robert Lahaise, La fin d’un Québec traditionnel, 1914-1939, Montréal, l’Hexagone,1994, p. 73.
32 Frère Marie-Victorin, « Sciences naturelles au Canada. L’étude des sciences naturelles, son développement chez les Canadiens français », La Revue Canadienne, nouvelle série, volume XX, octobre 1917, p. 272-292, et novembre 1917, p. 339-358.
33 Ibid., p. 275.
34 Ibid., p. 358.
35 Entre 1922 et 1944, il y signera près d’une quarantaine de textes importants; voir Gingras, « Science et communauté scientifique, 1910-1993 », p. 218.
36 Frère Marie-Victorin, « Vers la haute culture scientifique », Le Devoir, 30 septembre 1922, p. 1.
37 Ibid.
38 Voir pour plus de détails, Yves Gingras, Pour l’avancement des sciences. Histoire de l’ACFAS, 1923-1993, Montréal, Boréal, 1994, le chapitre premier.
39 Frère Marie-Victorin, « La province de Québec, pays à découvrir et à conquérir. À propos de culture scientifique et de libération économique », Le Devoir, 26 septembre 1925, p. 1.
40 Frère Marie-Victorin, « Les sciences naturelles dans l’enseignement supérieur », Le Naturaliste canadien, vol. LVIII, 3e série, no 11, novembre 1930, p. 227-228 et 230.
41 Chartrand, Duchesne et Gingras, Histoire des sciences, p. 258.
42 Rumilly, Le frère Marie-Victorin, p. 187.
43 ACFAS, « Le Président de l’ACFAS pour 1951-1952 : M. René Pomerleau, notes biographiques », Annales de l’ACFAS, vol. 19, 1953, p. 49.
44 René Pomerleau, «Recherches sur le Gnomonia Ulmea (Schw.) Thüm.» Ph. D., Université de Montréal, 1937. Sa thèse sera publiée par tranches dans Le Naturaliste canadien, vol. LXIV, à compter de novembre 1937; le passage cité est à la page 264 de ce numéro.
45 Ainsi, ce n’est qu’en 1939 que l’Institut de botanique de l’Université de Montréal déménage au Jardin botanique.
46 Frère Marie-Victorin, « Les Cercles des jeunes naturalistes », tract no 1, 30 janvier 1932.
47 Chartrand, Duchesne et Gingras, Histoire des sciences au Québec, p. 274. Comme le souligne avec justesse Pierrick Malissard qui a étudié l’évolution de ces Cercles, il faut être prudent dans l’évaluation du nombre de cercles et de membres, car les journaux de l’époque avaient tendance à gonfler les chiffres en rapportant fidèlement les données livrées par les responsables qui, ce faisant, voulaient accroître leur visibilité; voir son article, « Les Cercles des jeunes naturalistes, ampleur et nature du mouvement, 1931-1971 », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 50, no 1, (été 1996), p. 9.
48 Rumilly, Le frère Marie-Victorin, p. 195.
49 Jacques Rousseau, « Les sciences pures chez les Canadiens français », Opinion, III, 3, juillet 1932, p. 9-10.
50 Louis LeVasseur, « L’enseignement dans les collèges classiques au XIXe siècle : une vision du monde en difficile harmonie avec la modernisation de la société québécoise », Historical Studies in Education/Revue d’histoire de l’éducation, vol. 14, no1, (2002), p. 58-59.
51 Jean-François Gervais et Jean Hénaire, « L’enseignement des sciences dans les collèges classiques, XIXe et XXe siècles », Recherches sociographiques, vol. 15, 1974, p. 119-126.
52 Gingras, Pour l’avancement des sciences, voir p. 43-48.
53 Le cours scientifique qu’on y offre permet, par exemple, d’entrer directement en 2e
année à l’École Polytechnique de Montréal. Voir au sujet de l’excellence de son corps professoral, Guy Samson, Bernard Lamarre, le génie d’une vie, Montréal, Presses internationales Polytechnique, 2007, p. 25.
54 Voir pour les titres et un résumé de ses communications, les Annales de l’ACFAS, Montréal 1934, p. 71-73.
55 Pomerleau, « Le quart de siècle du Cercle des mycologues de Montréal », tapuscrit, p. 4.
56 Voir vol. 65, 1938, p. 5-12, 98-102, 138-140; vol. 66, 1939, p. 28-32, 90-94, 123-128, 197-198, 223-228; vol. 67, 1940, p. 24-30, 91-96 et 229-232.
57 « Le Président de l’ACFAS pour 1951-1952 M. René Pomerleau. Notes biographiques », Annales de l’ACFAS, 1953, p. 49.
58 Jules Brunel, « La vie méconnue des champignons », Cercle des Jeunes Naturalistes, tract no 64, 15 février 1939.
59 Cet article de L’Action catholique est reproduit sur le site du Cercle des mycologues amateurs de Québec, voir http://www.mycologie-cmaq.org/index.php?option=com_content&view= article&id=39&Itemid=39.
60 Rumilly, Le frère Marie-Victorin et son temps, p. 375 et 388.
61 Nous empruntons cette expression à nos collègues sociologues, Francine Descarries-Bélanger, Marcel Fournier et Louis Maheu, « Le Frère Marie-Victorin et les “ Les Petites Sciences” », Recherches sociographiques, vol. XX, 1979, p. 35.
62 Pour la petite histoire, on retiendra qu’en novembre 1969, il était conférencier du Cercle pour une communication sur « Une exposition d’ouvrages récents et anciens sur la mycologie » et qu’il deviendra ensuite, pour quelque temps, membre en règle du Cercle; voir Florence Montreuil, « Les livres comptables du Cercle », ACMM.
63 Au Congrès de l’ACFAS de 1946, il prononce une conférence intitulée « Quelques champignons du lac Mistassini », voir les Annale de l’ACFAS, 1947, p. 11.
64 Francine Descarries-Bélanger, Marcel Fournier et Louis Maheu, « Le Frère Marie-Victorin et les “ Les Petites Sciences” », Recherches sociographiques, vol. XX, no 1, 1979, p. 7-39. Nous disons partiellement puisque selon cette hypothèse, les élites en place auraient, en contrepartie, boudé les sciences. Comme l’a mentionné Raymond Duchesne, cela est loin d’avoir été démontré; voir « D’intérêt public et d’intérêt privé: l’institutionnalisation de l’enseignement et de la recherche scientifiques au Québec (1920-1940) », dans Yvan Lamonde et Esther Trépanier (dir.), L’avènement de la modernité culturelle au Québec, Québec, IQRC, 1986, p. 195 à 202.
65 L’expression est de Descarries-Bélanger, Fournier et Maheu.
66 Faut-il se surprendre que le premier contact qu’eut René Pomerleau avec les champignons est tributaire d’un frère des Écoles chrétiennes d’origine française et dont la communauté dirigeait son école primaire. Voir Pomerleau, « Le quart de siècle du Cercle des Mycologues de Montréal », tapuscrit, p. 3.
1 Comment
À noter que le CMM est devenu le CMM qu’en 1975. Auparavant, il portait le nom de Cercle des Mycologues Amateurs de Montréal. Il aurait en fait à ce moment fusionné ces activités à celle d’un autre club, Les Mycophiles de Montréal. Pour ce qui est du CMAQ, un autre mycologue a eu un impact très important pour sa création, Pierre Masson. En effet, il est également considéré un des membres fondateurs, et il y sera éventuellement secrétaire, trésorier, vice-président, et président. Ce dernier s’est d’ailleurs vu remettre le premier Mycète d’or, un prix honorifique remis par le CMAQ, des mains de Bruno Boulet, alors président du CMAQ, lors d’un rassemblement provincial au Mont St-Sacrement en 2001 pour le 50ème anniversaire du CMAQ, accompagné d’un message bien senti de l’importance de cet homme envers le dit Cercle.
Références :
https://www.mycomontreal.qc.ca/fr/historique
https://shorturl.at/jrFS2
Merci également à Roland Labbé pour son apport à propos de ces aspects.
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