D’après certains commentaires laissés sur le forum du site mycoquebec.org, il semble que ce soit le cas dans la plupart des régions du Québec – des expressions comme «à devenir dingue» ou «une orgie de chanterelles et de cèpes» ne trompent pas. Des photos comme celle de Lyane Tremblay, de Québec, qui pose fièrement devant une impressionnante récolte de chanterelles communes, ne mentent pas non plus.

Si vous croyez apercevoir plus de champignons que d’habitude cet été en vous promenant dans les bois, détrompez-vous. Vous n’en voyez pas plus, vous en voyez beaucoup plus.

«C’est une année tout à fait exceptionnelle. Je ne me souviens pas avoir vu ça avant. Ce sont, littéralement, des champs de chanterelles que l’on trouve [la chanterelle commune est une excellente espèce comestible]», dit J. André Fortin, biologiste retraité de l’Université Laval et président du Cercle des mycologues amateurs de Québec.

Lyane Tremblay pose fièrement devant une impressionnante récolte de chanterelles communes.
 

On pourrait, a priori, penser que la pluie abondante et régulière des dernières semaines serait derrière ce «grand cru», mais ce n’est certainement pas le seul facteur, si c’en est un, explique M. Fortin. Les champignons qui sortent de terre ces temps-ci sont surtout des espèces qui font des symbioses avec les arbres : grosso modo, le champignon profite de sa faculté à produire un réseau de racines plus fin pour «refiler» tout l’été de l’eau et des sels minéraux à l’arbre; en échange, celui-ci cède au champignon une partie des sucres qu’il produit en août et en septembre, quand l’arbre ne croît plus mais continue de faire de la photosynthèse pour emmagasiner dans ses racines des réserves pour l’hiver.

Ainsi, dit M. Fortin, c’est peut-être moins la pluie de cette année que les conditions de l’an dernier qui expliquent l’abondance actuelle. «L’an dernier, le mois d’août a été extrêmement sec, alors beaucoup de champignons n’ont pas pu faire leur fructification [la partie qui sort du sol et que l’on cueille, le champignon à proprement parler vivant sous terre]. Il est donc possible que des réserves de nourriture aient pu être faites, ce qui permet cette année la fructification exceptionnelle que l’on connaît», dit-il.

En outre, poursuit M. Fortin, les mycologues hardcore sont d’autant plus choyés qu’«il y a aussi des espèces extrêmement rares, qu’on ne voit pratiquement jamais et sortent maintenant».

Par : Jean-François Cliche

Source : Le Soleil

Date : 2011/08